De son voyage à Nantes au printemps 1790, Jacques Louis David rapporte une vaste composition allégorique, fortement inspirée par l’esprit révolutionnaire. Lors de ce séjour dans le premier port négrier de France, le peintre est inévitablement confronté à la réalité du commerce des esclaves.
En déchiffrant la polysémie iconographique de son dessin, Philippe Bordes y voit une métaphore de l’esclavage. L’auteur met en lien cette composition, d’une part, avec l’influence de son entourage parisien, qui comptait plusieurs membres de la Société des Amis des Noirs, et, d’autre part, avec les vifs débats sur l’abolition de la traite négrière.
L’histoire renouvelée du séjour nantais de David se révèle alors comme le moment de l’entrée en Révolution de ce géant de la peinture en tant que citoyen et artiste.
Philippe Bordes est professeur émérite d’histoire de l’art de l’université de Lyon. Depuis ses études à Stanford, en Californie, au Courtauld, à Londres, et à la Sorbonne, il s’efforce de démontrer la vitalité de la vie artistique à l’époque révolutionnaire. Il a précédemment publié Le Serment du Jeu de Paume (1983) et participé à la création du musée de la Révolution française au château de Vizille, dont il a été le premier directeur entre 1984 et 1996.
Charlotte Solnitzki
Responsable des relations presse
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